Internacia Komitato por Etnaj Liberecoj (IKEL)

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Comité international pour les Libertés Ethniques

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C'est selon le traitement des minorités qu'on peut juger une civilisation
(Mahatma Gandhi)


Déclaration pour un Humanisme fondé sur des principes ethniques

    1) Dans le monde actuel, devenu hautement technologique et fortement enchevêtré, il suffit d'une pression sur un bouton pour faire exploser la planète, tandis que l'équilibre écologique est sérieusement ébranlé par la consommation massive d'une petite partie de l'humanité. L'ordre mondial actuel est extrêmement injuste car il se fonde sur l'exploitation des pauvres par les riches, du Sud par le Nord, de la nature par l'homme.

    2) Cet ordre mondial, ajouté à cette extrême injustice, menace aussi la diversité ethnique de la civilisation et la survie de l'humanité, à cause des guerres et du pillage continu de la nature. Il est inacceptable car il cautionne la priorité des intérêts de ceux qui possèdent le pouvoir, et incite les peuples à lutter les uns contre les autres pour s'approprier et épuiser les richesses naturelles entre les mains d'élites.

    3) Un exemple typique de ce cautionnement de priorité est le nationalisme, la sanctification de l'intérêt d'un état contre d'autres, où l'intérêt de l'état est abusivement utilisé pour masquer la volonté de groupes puissants monopolisant le pouvoir et l'économie. Le cas de l'ex-Yougoslavie, où de tous les côtés, des arguments tribaux ont tenté de justifier des luttes sanguinaires pour des manipulations illégales, constitue un exemple éclairant de cette tendance.

    4) Le système actuel est très fort, car il est capable de diviser les hommes par les armes du nationalisme et de la consommation. Ainsi les peuples luttent les uns contre les autres pour le même rêve d'un fallacieux bien-être, renforçant ainsi les intérêts de l'immuable élite régnante.

    5) Nous voyons la forte nécessité de repenser cet ordre mondial, qui influera nos vies demain, et de le réorganiser selon des principes de liberté et de démocratie individuelle et collective. En outre il est absolument nécessaire que l'humanité dans son entier révise son actuelle conception de la Nature en tant que source de richesse librement exploitable.

    6) Pour y parvenir il est nécessaire de généraliser les principes de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948), qui définissent des droits valables "pour tous les hommes, sans discrimination de race, de couleur de peau, de sexe, de langue, de réligion, de politique ou d'opinion, d'origine nationale ou sociale, de possession, de naissance ou autre état".

    7) Cependant ce principe d'égalité individuelle ne suffit pas, car l'individu participe d'une plus vaste communauté locale, communauté liée à la terre où il vit et se déplace habituellement. Aproès la Déclaration de 1948, il existe dans le monde une distribution des peuples que seule une évolution pacifique, mais aucune guerre, aucune "purification ethnique" ou autre violence ne peut légitimement changer. Nous croyons que plus une communauté se sent liée à sa terre, plus fort est son désir de conserver l'équilibre écologique et culturel de son lieu de vie. En revanche, plus l'homme se sent dépersonnalisé, assimilé par une forte culture étrangoère, plus facilement il laissera détruire son patrimoine, appauvrissant ainsi toute l'humanité. Il existe dans le monde plusieurs peuples dont le droit physique à la survie n'est pas respecté. Il existe d'autres peuples dont le droit culturel à la survie n'est pas mieux respecté par les états, qui craignent qu'une diversité et une réelle liberté culturelles puissent mettre en danger leurs propres droits à l'autoconservation.

    8) Pour trouver une solution à ces problèmes, nous avons besoin de principes de liberté et de démocratie non seulement individuelles, mais aussi collectives. Car, comme le reconnaît le premier article de la Convention-cadre pour la Protection des Minorités Nationales [=ethniques], approuvée par le Conseil de l'Europe le 10 novembre 1994, "La protection des minorités nationales et des droits et libertés des personnes appartenant à ces minorités fait partie intégrante de la protection internationale des droits de l'homme et, comme telle, constitue un domaine de la coopération internationale." Le droit ethnique est donc un droit de l'homme. En outre les droits à l'eau potable, à la terre, à l'air venant du milieu ambiant ne sont pas individuels mais collectifs, et les guerres causent ou du moins perpétuent le fait que dans le monde règnent de fortes inégalités non seulement entre les individus, mais aussi entre les peuples.

    9) C'est pourquoi nous appelons tous les hommes et toutes les organisations oeuvrant pour les libertés culturelles, linguistiques, politiques, religieuses ou autres, à collaborer pour établir un nouvel humanisme, un humanisme ethnique qui considère les droits de l'homme avec un regard plus vaste, qui ne néglige pas les aspects fondamentaux de l'identité locale. Nous sommes fermement convaincus que seul un humanisme visant une reconnaissance réciproque de l'existence de chaque ethnie et, par conséquent, du droit de chacune d'elles de se mobiliser pour supprimer la superstructure ethnique des conflits d'aujourd'hui, dans un esprit d'égalité et de solidarité, seul un tel humanisme peut proposer des solutions utiles aux hommes et non seulement aux super-puissances.

    10) Nous soulignons qu'un humanisme ethnique est un principe qui, visant une régulation pacifique des conflits, s'oppose avec fermeté au nationalisme chauvin et au terrorisme, mais condamne avec la même force le concept mal compris d'un cosmopolitisme qui, au nom d'un principe d'égalité entre les individus, vise à les assimiler au même modèle, et à les fondre dans un même moule, avec une seule langue, une seule culture et une seule société de consommation.

    11) Nous avons pour but une humanité qui se réorganise selon des structures d'autonomie et de relation à la terre, donnant toujours la priorité aux aspects humains, culturels et naturels de la vie, en opposition à l'enrichissement, à la monopolisation, à l'exploitation des autres. En outre le principe fondamental de convivialité pacifique doit être une reconnaissance réciproque du droit de chacun. Nous appelons donc chacun à collaborer.

Source: Etnismo, no 66 (20.12.1999), p.14
Traduit de l'espéranto par N. Margot


Revuo: Etnismo

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